Interview: Maxx-T

Interview: Maxx-T

Maxx-T

Après 10 ans de création musicale et de sorties sous différents labels tels que Piranhaxx Records, Pink Music, Blackout Records, Fbta, Maxx-T a crée le projet « Evolutive System » sous lequel il sort des morceaux inspirés par son premier amour, la techno mélodique de Detroit.

TheClubbing.com: Hello Maxx, pour ceux qui ne te connaissent pas, peux-tu te présenter rapidement?
Maxx-T: Salut Antoine, et bien pour faire simple et comme à chaque fois qu’on me le demande, je suis DJ et producteur de musique électronique à tendance Techno et House américaine de préférence Detroit et Chicago depuis pas mal d’années déjà. J’ai commencé à mixer tout d’abord pour le plaisir en 81 (mais déjà bien avant j’organisais des fêtes chez moi, enfin chez mes parents), puis j’ai debuté dans une radio FM locale en 1984 où je passais les premiers disques très axés électronique pour faire danser les gens (électro funk, new wave, house..) et naturellement j’ai introduit les clubs pour devenir DJ et en faire mon métier. Je me suis mis à composer en 1992. Depuis pas mal de chemin parcouru en prenant plaisir à rester dans l’ombre (peut être à tort), puis la création en 1996 de mon premier label Piranhaxx Records de deux Records Shops, le premier en 97 avec un ami DJ puis cassure en 2000 et j’ai ensuite continué l’aventure seul en ouvrant mon deuxième et dernier shop, que j’ai dû fermer par la force des choses en Mars 2003. Depuis je me suis remis à penser à ma carrière de DJ que j’avais mise en stand-by quelques temps, du fait que je n’avais pas encore de clone pouvant me remplacer, c’est d’ailleurs toujours le cas (rires). J’ai également repris la composition puis la création de mon nouveau label Code 316 Recordings qui me prend pas mal de mon temps. Je vais aussi remonter un live mais je cherche un bon compromis car je ne veux pas faire du live juste avec un laptop et un contrôleur midi, je veux y inclure mes machines? En revanche il faut que mon setup soit facilement transportable, car dans les avions c’est chiant si tu es trop chargé.

TheClubbing.com: Tu as crée en 2005 Code 316, en tant que boss du label comment le définirais-tu?
Maxx-T: Alors d’abord il faut passer par un peu d’histoire pour comprendre la création de Code 316. En fait j’en avais assez d’envoyer des démos à droite et à gauche sans avoir de réponse en retour, malgré de très bons échos que l’on pouvait me donner sur mes tracks, puis c’est aussi un peu à cause de mon ami Kriss que je me suis décidé à retenter l’aventure d’un label car je n’arrêtais pas de lui dire que j’allais monter un label pour produire ses tracks et un soir d’été 2005 je lui dit « hop je monte un label, tu me suis? » et tout naturellement vu que nous avons les mêmes goûts et influences, on démarre l’aventure. D’abord en proposant des maxis virtuels (mp3) pur les utilisateurs de systèmes comme Final Scratch, afin de faire connaître le label sans avoir de moyens financier, que l’on propose gratuitement et cela nous a permis d’acquérir une petite notoriété grandissante. Claude Young, un jour de septembre 2005 nous laissa un message sur le guestbook du site et m’envoya un email pour nous féliciter et nous soutenir et me demandant l’autorisation de mettre un lien vers notre label sur son site web. Suite à une forte demande de gens qui voulaient nos productions sur vinyles (de toute façon c’était le but principal de les sortirs sur ce format) et grâce à une aide de dernière minute, nous avons pu concrétiser et passer de Net Label à Label physique. Maintenant tu me demande de le définir , ce n’est pas évident comme ça au premier abord, mais disons que Nous (car nous sommes deux) le définissons comme un label qui se veut d’une part indépendant et cela comprend tout les risques que cela comporte, mais aussi la satisfaction de faire les choses par nous même et quand l’on en a envie, si un track nous plait on le sort et basta. On ne se dit pas s’il y a le marché pour ce track là (sinon dans ce cas on aurait pas crée le label, dans la mesure ou l’on ne peux pas vraiment dire que le son de Detroit et tout ce qui s’y rapporte soit en vogue en ce moment). Si le track nous fais vibrer et bien il se retrouvera sur un vinyle, notre but et a notre échelle bien sur, étant de faire passer nos émotions et nos messages, de dire aux gens « merde ouvrez vos oreilles, il n’y a pas que le son à la mode, il y a aussi de la musique peut être moins hype, très sûrement même, mais beaucoup plus enrichissante » et par la même occasion de mettre un coup de pieds dans la fourmilière du paysage électronique actuel, je le répète encore une fois « A notre échelle, sans aucunes prétentions ». Nous on aime un son, celui de Detroit et toute la culture, engagements et revendications qui vont avec. Ce qui me fait le plus plaisir c’est de voir que notre message passe et que nous sommes soutenus de toutes part, aussi bien en France (ce qui est plutôt rare car on connaît bien le proverbe « nul n’est prophète en son pays ») qu’à l’étranger et que ce message est aussi compris dans la ville qui nous influence dans notre vie de tout les jours. Mais la route est encore longue et le but n’est pas encore atteint. De toute façon je suis de nature à me refixer un nouveau but à chaque fois que j’en touche un, donc je pense que cela va aller à l’infini car quand l’on est artiste on a toujours une chimère à attraper.

TheClubbing.com: Tu as sorti en septembre avec Life Recorder aka Krizz Kortz le Code 316 01, The First Message EP qui est dans le plus pur style Detroit. Ce disque commence à être playlisté, vouMaxx-Ts avez reçus de bons échos visiblement?
Maxx-T: En effet le disque est sorti de la presse fin Août et l’on s’est occupé de sa promo, avant sa sortie officielle début Octobre qui fût accompagnée d’une chronique élogieuse en disque du mois dans le magazine Trax d’octobre (n° 99). En effet, ce premier maxi du label est playlisté par de nombreux DJ assez influents comme par exemple DJ S2 aka Santiago Salazar du label Underground Resistance et membre de Los Hermanos et plus récement Ican, pour ne citer que lui. Et tout les feedbacks que nous avons reçus sont tous positifs, alors que j’avais bien stipulé avec chaque envoie de promo qu’un feed était bien sur le bienvenue mais peut importe qu’il soit positif ou négatif, cela n’influerait pas sur les futurs envois de promo. C’est donc d’autant plus réjouissant et c’est un facteur de motivation important pour la suite.

TheClubbing.com: A propos de production justement, il y a de plus en plus de soft type Reason etc. de ton coté de quelle façon tu procèdes? Es-tu plus clavier, sampler, clavier midi ou software?
Maxx-T: Je me suis mis à la compo en 92 et acheter mon premier sampleur, un Roland DJ 70(une petite révolution à l’époque) avec son énorme mémoire de deux Mo de ram (rires) et un Atari 520 ste + Cubase 2. La suite et bien c’est l’évolution et l’achat d’une multitude de machines car quand j’ai commencé à composer mes propres titres, il n’y avait aucune autre alternative pour faire de la Techno, je me suis donc mis en quête de ces machines si prisées et plus chère en occasion que l’ors de leurs commercialisations, donc c’est tout a fait normalement que j’utilise des machines car je les ai. En revanche, je ne suis pas sectaire et je reconnais qu’il y a certains VSTi qui sont bluffants et il m’arrive de temps à autre d’en utiliser un dans un track, si le son qu’il en sort me convient à ce moment là et que je n’ai pas trouvé son équivalent en bidouillant mes synthés analogiques. Je vais aussi te dire que mon ami Kriss m’a fait changer d’avis sur Reason, car en effet il n’utilise que ce soft et la façon qu’il a de travailler avec, fait qu’il arrive à sortir un son que l’on ne croit pas sorti de Reason, comme quoi il ne sert à rien d’avoir des tonnes de matos pour faire de la bonne musique, moi c’est différent et si je débutais aujourd’hui dans la compo et que je n’avais pas de machine, je me tournerais vers ce genre de logiciel. Mais il faut tout de même le reconnaître, les machines sonnent différemment et moi ça me plait…surtout de toucher les boutons.
Ma façon de procéder et à peu près toujours la même, j’ai une idée d’une ligne de basse ou d’une mélodie, alors je pose ça en premier, puis ensuite je creer une rhytmique assez basique (kick, charley et clap) juste pour me caler , puis je commence ma recherche de sons et l’ajout d’ingrédients sonores au track, ensuite parfois un son jouer d’une façon au départ ne colle plus avec un nouveau son que je veux incorporer donc soit je cherche un autre son de remplacement, par exemple pour une basse, ou sinon je garde ce son et recompose cette ligne de basse. Pour finir je termine par la structure de la rythmique en la complexifiant avec très souvent aussi le changement total des sons de base. En gros je n’ai pas spécialement d’idée bien précise sur comment sera le track au final, parfois le track est resté comme dans ma tête et parfois il en sort totalement différent, j’aime bien les accidents quand je compose ça me donne parfois des choses très intéressantes que je garde. Pour finir je me prends pas mal la tête quand je crée un track car je n’aime pas que les sons se ressemblent trop d’un track à l’autre.
Mes machines de prédilections sont les classiques, TB-303, TR-808 et 909, Juno-106, SH-101, j’utilise aussi pas mal le Nordlead qui est le premier synthé Analogique virtuel à avoir été commercialisé et qui est très présent dans les studios des producteurs de Detroit, et comme séquenceur j’utilise Cubase en version SX, je suis rester fidèle à Cubase depuis mes début.
Mais je vais tester Ableton Live dès que j’aurais un peu de temps.

TheClubbing.com: Précédemment tu m’as dit avoir eu recours au téléchargement afin de faire connaître vos tracks par manque de moyens. Justement quel regard portes tu sur le téléchargement actuel qui rime souvent selon les majors avec crise du disque?
Maxx-T: Comme je te l’ai dit tout à l’heure j’ai commencé par ça avec Code 316, en tant que musicien je pense que si les morceaux sont composés et que par faute de trouver un label pour les sortir ils doivent rester sur un DAT au fond d’un tiroir, ou en wav sur un disque dur et bien c’est dommage, car tout compositeur a ou aura un auditoire, si le téléchargement permet à l’artiste qui n’a pas d’autres échappatoires de se faire connaître et bien je suis pour à 100%. Néanmoins là où je ne suis pas d’accord c’est si quelqu’un propose les titres d’un artiste à la vente sans que celui ci ne touche quoi que se soit dessus, l’esclavage est aboli depuis longtemps non?

TheClubbing.com: Nous sommes d’accord, cette crise du disque est surtout un moyen de ne pas s’avouer que ce qui sort actuellement est chiant à mourir. Penses-tu pouvoir apporter justement un horizon musical différent de ce qu’on nous propose en défendant cette techno de Detroit?
Maxx-T: J’ai eu un shop de disques pendant huit ans et je n’ai pu que me rendre compte du déclin des productions et du manque total de prise de risques de certains labels, à partir de là le constat à été simple, on a vu de nombreux distributeurs mettre la clef sous la porte et entraînant dans leurs sillages le fermeture de Records Shops et la dissolution de certains labels qui n’ont pas pu rebondir chez un autre distributeur, car peu ou pas assez connus ou encore proposant une vision de la musique différente de ce que ces derniers distributeurs ont eus envie de vendre préférant les labels ayant tourné leur veste et proposant des musiques édulcorées pour toucher le maximum de masse. C’est ce que l’on appelle le bizness! En clair ils font la pluie et le beau temps sur le paysage musical international. Fort heureusement il existe encore des distributeurs intègres comme par exemple celui avec qui je travaille et qui n’hésite pas à miser sur des petits et nouveaux labels qu’ils pensent prometteurs, mais pour qui c’est aussi plus dur car ce n’est pas un géant de la distribution. Ce n’est pas pour autant qu’il faut se tourner les pouces du fait que l’on a trouvé un distributeur. Gérer un label ça prend du temps et il y a des hauts et des bas, j’ai connus ça avec mon premier label, ça m’a servi de leçon pour celui ci et j’espère que l’on vas rester sur cette pente ascendante, on fera tout pour en tout cas tout en gardant notre intégrité.
Personnellement je préfère la qualité à la quantité, c’est comme pour une soirée par exemple, d’un coté tu as une soirée avec un plateau de 10 DJ plus ou moins cohérent pour 6 ou 7 heures de musique et de l’autre une soirée avec 3 DJ ou carrément 1 seul qui te fais un All Night Long, dans un style que tu aimes, laquelle tu choisis? Celle ou tu va avoir un peu tout et n’importe quoi avec des sets hyper court ou les DJ ont tous voulu sortir la grosse artillerie au détriment de la musicalité, ou au contraire la soirée avec moins de DJ mais qui vont avoir le temps de poser un mix convenable et de qualité et surtout d’être fusionnels les uns par rapport aux autres? Moi mon choix est vite fait et pour l’achat de mes disques c’est pareil et ça me fait bien rire qu’en j’en vois qui font la course à la nouveauté et à celui qui aura le plus de news dans son bac, alors que plus des 3/4 de ces disques sont de qualité plutôt douteuse. Alors au niveau de ce que je veux produire je suis encore plus chiant et certainement encore plus avec mes propres productions, car je ne veux pas sortir un disque même à 2500 copies, qui va rester un ou deux mois maximum dans un bag de DJ, mais plutôt un disque à 500 exemplaires qui restera le plus longtemps possible dans les flight-cases et qui procurera toujours autant de plaisir à l’écoute et à mixer, maintenant si j’ai la demande pour presser 3000 voir plus d’un des disques dont je serais fier et bien je ne vais pas dire non, car la musique est faite avant tout pour être partagée avec le plus grand nombre, mais il ne faut pas se prendre pour Dieu non plus, de mon coté je suis tranquille je ne suis pas croyant (rires). Ce n’est pas chose facile j’en conviens et c’est pour cela que je suis très dur avec moi même et peut être aux yeux de certains trop extrémiste, mais c’est ma vision des choses, je ne veux pas me mentir ni mentir au public que j’ai en face de moi quand je joue ou au public qui va acheter ou écouter nos productions. Le label est peut être jeune, un an d’existence à peine et le 1er maxi ne date que d’un mois, mais j’ai vingt ans de mix derrière moi et je pense savoir ce que je veux et avoir une certaine expérience depuis tout ce temps, en toute modestie bien sûr.
Ensuite si je propose autre chose musicalement, plutôt que de me fondre dans la masse de la production hype du moment, c’est peut être pas un mal non? Ca permet aussi de se faire remarquer et d’interpeller les gens qui se disent mais pourquoi joue t’il cette musique, alors que ce n’est pas la mode? Etre différent de la masse ça a toujours fait peur aux gens, j’aime prendre des risques. D’ailleurs à la base le métier de DJ c’est ça il me semble? Proposer des choses différentes, choquer le public. Je conclurais donc cette question de « pourquoi je défend le son de Detroit? » et bien tout simplement parce que je l’aime et que c’est le son que j’ai dans les tripes. Le label c’est juste la continuité de ce que j’ai au fond de moi, ou devrais je dire que nous avons au fond de nous car mon ami Kriss avec qui je suis dans cette aventure, est carrément mon double. Mais en plus jeune (rires).

TheClubbing.com: En l’espace de quelques années, on est passé de l’underground à la professionnalisation et la commercialisation du mouvement électro… que penses-tu de cette évolution?
Maxx-T: Bien étant un défenseur de l’Underground qui cela dit en passant est sûrement dans certains cas bien plus professionnel que les majors, je ne peux que déplorer certaines dérives qui font que le mouvement est récupéré par les masses jusqu’à épuisement. A ce sujet je vais te donner l’exemple de la vague Acid que l’on a connue il y a 10 ans. C’était le son Underground par excellence et le jour ou les major ce sont dit « putain c’est quoi se sont, c’est fait avec quoi? il faut sortir des titres et des compiles pour le grand public avec ce son » et bien ça a duré combien de temps? Les producteurs Underground ont cessé d’utiliser la TB-303 car elle était devenue hasbeen et qu’ils recommenceraient à l’utiliser quand tout le monde l’aurait oubliée. Pendant ce temps là, les tubes pseudo house ou techno l’usait jusqu’à l’overdose. Donc cette récupération ne colle pas du tout avec ce que je défends, on en a la preuve actuellement depuis quelques temps avec la vague Funky House, puis Disco House, Electroclash et l’Electro minimale très Hype en ce moment.

Maxx-TTheClubbing.com: Que penses tu de la vague minimale qui justement envahit les soirées, sorties…depuis quelques temps?
Maxx-T: Heu! Tu veux vraiment que je te réponde?

TheClubbing.com: De préférence (rires)
Je ne vais pas critiquer le style actuel de ce que l’on appelle communément de la « Minimale », car comme dans toutes les musiques il y a du bon et du mauvais, mais personnellement je ne retrouve rien dans cette vague hype, qui me donnes des frissons à l’écoute d’un morceau et qui me donnes envies de courir l’acheter au plus vite. Pour moi le son techno Minimal c’est par exemple Robert Hood, Richie Hawtin, Basic Channel et quelques autres précurseurs, point barre. La seule chose qui me chagrine c’est les oeillères de certains clubs ou programmateurs de soirées, qui ferment la porte à tout autres style que celui en vogue du moment (on a connu ça avec la vague Tech-House, ils bloquaient tous sur le son des soirées Scream et crachent dessus aujourd’hui) et fait donc que le public novice n’a aucuns repère et ne peux choisir ce qu’il a envie d’écouter à l’instant ou il a envie de l’écouter et de danser dessus, c’est normal ensuite que ce jeune public qui ne connait pas autre chose, ai énormément de mal à s’ouvrir vers d’autres styles plus évolués et plus complexe comme peut l’être par exemple la musique électronique de Detroit. C’est bien dommage cette fermeture d’esprit mais c’est une passade, une mode comme une autre, un recyclage électronique, le son de Detroit lui est la depuis 20 ans et l’on en parle toujours alors que nombres d’autres styles on ne se souvient même pas de leurs noms. En revanche ceux qui crachent sur Detroit et ses dérivés actuellement en disant par exemple que « c’est de la merde » et je ne fait que répéter ce que j’entends régulièrement, seront les premiers à faire des soirées dans leurs clubs, ou à jouer ce son si c’est des DJ, bref hors de question pour moi de me prostituer pour avoir plus de bookings. Vive la personnalité.

TheClubbing.com: Tu parles de ce public « jeune » qui n’est pas assez ouvert. Mais c’est également aux différents médias, notamment les radios qui d’après moi ne jouent plus leur rôle dans la mesure où elles ne font plus découvrir et n’ont plus d’audace dans leur programmation, de prendre le relais et faire découvrir d’autres univers à ce « jeune public ».
Maxx-T: Effectivement de nos jours les radios sont toutes formatées et ne propose plus rien de novateur, c’est toujours la même rengaine à une sauce différente, mais rien de neuf. J’ai eu une expérience en radio quand j’ai commencé, c’était en 1984 (oui comme le film, hé hé) j’ai eu l’opportunité à cette époque d’avoir une émission sur les ondes d’une des trois radios locales de ma ville parce que je connaissais un des DJ qui y travaillait. Celui ci m’a demandé un jour si ça m’intéressais de présenter mes disques (ceux que j’achetais je précise) sur cette radio, car pour la petite histoire qui a été le détonateur, c’est que j’allais régulièrement chez un de mes disquaires locaux pour acheter des vinyles. J’étais déjà un gros consommateur de cette matière non seulement pour mon plaisir, mais aussi pour toutes les petites soirées privées que j’animais et j’achetais tous ce qui était susceptible de faire danser, c’était l’époque des boums (rires). Un jour en débarquant dans ce magasin je tombe sur un lot de disques qu’ils venaient de recevoir, les pochettes étaient assez flashy avec des couleurs fluo etc estampillés « Import USA » ou « Import UK ». Ca m’a donné envie de les prendre pour aller les écouter dans une des cabines prévues à cet effet. Sur le coup je dois avouer que je n’ai pas vraiment accroché et après l’écoute de cette vingtaines de maxi 45 tours, j’avais un peu la tête explosée et je repose directement les disques dans le bac ou je les avaient trouvés puis sortit du shop sans rien acheter ce qui était assez rare comme me le fit remarquer le vendeur.
Ensuite toute la journée j’ai eu des remontées de ces sons très bizarres et hypnotique, car il faut dire que même si j’avais acheté le Alleys of Your Minds de Cybotron en 81, ça faisait un bon moment que je ne l’avais plus écouté et que je me gavais d’import plus ou moins commerciaux à la Stock Aitken & Waterman, Gino Soccio, Arthur Baker, Jellybeen, etc., en plus des disques funk de Parliament et Funkadelic et des labels Prélude, Salsoul et Motown (tiens donc) et des trucs New wave. J’en ai été tellement obsédé toute la journée que le soir même après les cours je me suis dépéché de retourner au magasin en croisant les doigts pour qu’ils ne les aient pas vendus. J’arrive donc en trombe dans le shop et demande au vendeur s’il avait encore les disques que j’avais écoutés le matin? Il me répond que oui, mais qu’il allait les renvoyer car il ne les vendrait jamais, que c’était trop spécial comme musique. La dessus, je saute sur l’occasion et je lui dit que s’il pouvait me faire une petite ristourne je lui prenait le lot complet, ce qui lui éviterait les frais de retour et blabla… il accepte et me voilà parti avec mes vingt disques sous le bras, à ce moment là juste avant de franchir la porte je me retourne vers le vendeur pour le saluer et je vois qu’il arbore un énorme sourire, qui en disait long sur sa satisfaction d’avoir vendu ces disques de merde (ce qu’il devait se dire sûrement à ce moment-là) et je lui lance « je veux que tu me mettes de coté tout les disques que tu recevras dans ce style » , je le vois prendre un air étonné et il me répond « ok » avec un certain narcissisme, je m’en souviens comme si c’était hier. Dans cette liste de disques « de merde » il y avait entres autres le No Ufo’s ou le Night Drive sur Metroplex, le Sinister de MayDay (Derrick May), etc. Et puis bien d’autres par la suite, comme le Acid Tracks de Phuture. C’est donc avec ces quelques disques que je commence à la radio, tout d’abord planqué le mardi soir de minuit à minuit trente, puis petit à petit au fil des semaines j’ai vu mon horaire se décaler vers un créneau plus acceptable, je suis passé aussi quelques mois plus tard au vendredi soir de 23h à 0h00 parfois (rarement) 0h30, puis j’ai carrément eus ensuite le samedi de 21h à 23h et c’est là que tout à commencé pour moi, les DJ qui à cette heures là étaient dans leurs voitures pour rejoindre les clubs ou ils mixaient, écoutaient cette radio et ils ont été de plus en plus nombreux à appeler à la radio pour connaître les titres des disques que je passais et c’est eux qui m’ont proposé de venir tester cette musique dans leurs discothèques avant d’investir dans l’achat de tels disques. J’avais donc deux ou trois clubs où je me rendais après mon émission pour aller faire ma demie heure de mix, enfin d’enchaînement plus ou moins bien réussis mais surtout de proposer au public quelque chose de radicalement nouveau, c’est donc à cette période que je deviens officiellement DJ car jusque là je ne savais pas mixer au tempo et c’est grâce à ces DJ en place que j’ai appris à le faire et je n’ai pas honte à dire que j’ai appris à mixer sur leurs séries de slow! Oui j’ai appris à mixer des slows au tempo, et croyez moi c’est une bonne chose car plus c’est lent plus c’est dur à caler au tempo. Bref ensuite pour mixer le reste j’ai étais assez vite à l’aise et je suis assez fier quelque part de dire que j’ai été le premier à jouer ou plutôt à proposer ce genre de son dans ma région.
Bref, je t’ai un peu raconter ma vie là (rire) mais tout ça pour te dire qu’à l’époque il y a des radios qui ont osées des choses et qui ont permis de faire découvrir des sons à des DJ et un public, comme ces mêmes DJ faisaient eux aussi un peu plus tard découvrir certaines choses à leur public et aux radios. Aujourd’hui il n’y a que certaines webradios underground qui essaye de proposer des choses assez variées, mais elles ont du mal à survivre avec toutes ces lois à la con, on se croirait revenu à l’époque féodale avec l’état qui ponctionne le moindre bénéfice (s’il y en a) au pauvre gars qui essaye de survivre. Mais ça ne bougera pas, tout le monde se plaint mais personne aujourd’hui n’a assez de couilles pour faire une révolution et si ce n’est qu’un petit groupe par ci par là qui se rebiffe, ça ne sert à rien et surtout je ne donne pas cher de sa peau. C’est dommage, mais That’s Life.

TheClubbing.com: Tu entends par la que cela va faire comme avec l’electro-clash que l’on entendait partout à un moment et qui est s’est épuisée toute seule pour laisser place à la minimale?
Maxx-T: Je viens d’y répondre dans ta précédente question, en prenant exemple sur les soirées Scream. Mais c’est exactement ça et le constat est facile à faire, combien de fois lorsque je sors en soirées dans ma région lorsque je n’ai pas de booking, je me retrouve face à des gens qui me disent qu’il en ont assez de ce son plat, sans vie, sans émotion, de ce manque d’histoire et de voyage prodigué par les DJ tout au long de la soirée, et l’ambiance s’en ressent d’ailleurs on entend moins hurler le public. Je me souviens d’une fois en 98 ou lors d’un de mes lives, une demoiselle est venue me voir à la fin de celui çi, elle était en larme!! Je n’ai pas compris tout de suite, jusqu’à ce qu’elle me dise que c’est ma musique qui l’avait faite pleurer tellement elle était chargée d’émotion et qu’elle revenait d’un long voyage. Heureusement que les lives à cette époque étaient limités qu’à 1/2 heures voir 3/4 d’heures grand maximum (rires), quand on ne me dit pas que je les aient emmener jusqu’à l’orgasme, si si je te jure on me l’a déjà dit récemment.

TheClubbing.com: De ton coté pourquoi avoir choisi la Techno façon Detroit plus particulièrement? Qu’est-ce qui t’as fait comprendre que ce style était le tien?
Maxx-T: Je ne crois pas l’avoir choisie en fait, je pense que je suis tombé dedans (comme Obelix, rires) dès mon plus jeune age, je ne parle pas de techno à cet instant mais plutôt des influences musicales de ce qu’écoutaient mes parents, le Jazz, le Rhythm & Blues plus quelques trucs des débuts de la musique électronique comme le Rock Psychédélique de Pink Floyd, de Tangerine Dream ou Yellow Magic Orchestra… du coté de mon père, tandis que de celui de ma mère c’était plutôt la musique latine, vu ses origines espagnole, et du Disco. Donc très jeune j’ai eu quand même dans les oreilles, de quoi acquérir une certaine culture musicale et c’est donc tout naturellement que j’ai évolué dans ce sens, puisque toutes ces influences multiraciales de part la mixité de ces habitants sont dans la musique électronique de Detroit qui n’est pas non plus devenue du jour au lendemain une ville avec une forte identité musicale. Cela s’est fait avec le temps avec notamment la création des studios du célèbre label Talma Motown. D’ailleurs un certain Michael Anthony Banks plus connu des Detroits lovers sous le nom de Mad Mike et patron du label Underground Resistance, a été musicien de studio chez Motown avant de monter ça propre structure. Mais on peut encore remonter beaucoup plus loin à l’époque des tribus Indiennes d’Amérique du Nord, les Ojibwa et leurs chants de guerres et revendicateurs pour lutter contre la main mise sur leurs territoires par l’homme blanc.
Bref je ne sais pas si cela t’expliques vraiment pourquoi j’aime ce son là et essaye de le défendre du mieux que je le peux, mais pour faire simple après m’être un peu étalé à l’instant (rires), je dirais que j’aime et je joue (et essaye de produire) la musique de Detroit, à cause de sa variété de style, sa chaleur, son âme, ses émotions, son groove, et tous les messages subliminaux qu’essayent de nous transmettre leurs créateurs. C’est la musique qui me fait dresser les poils et me fait vibrer au plus profond de mes entrailles, je ne sais pas pourquoi, je te le répètes je n’ai pas l’impression de l’avoir choisie, pour moi c’est une continuité et mon seul regret c’est de n’être pas black et pas né à Detroit, mais je me console car j’ai des origines hispaniques, comme une grande partie des habitants de la ville mythique du Michigan (hihi). Sinon pour clôturer cette question, si elle n’est pas posée plus tard, le premier disque de musique électronique en provenance de Detroit que j’ai acheté (on appeler pas encore ça de la Techno) c’est le Alleys Of Your Minds de Cybotron (Juan Atkins et Richard Davis) sur le label Deep Space Records, en petit 45 tours. C’était en 81.

TheClubbing.com: Peux-tu nous dire deux trois mots à propos de ton actualité?
Maxx-T: Et bien pour mon actualité proche il y a donc la sortie du CODE 316 01 et les bookings qui commence à découler de celui-ci, même si j’avais déjà quelques dates de bookées avant sa sortie, l’enthousiasme généré par ce disque (ce n’est que le début) permet d’apporter de nouveaux bookings. Sinon je travaille déjà sur le Code 316 02, mais rien de défini encore tout ce que je peux dire c’est que nous comptons nous faire remixer par des artistes de Detroit entres autres, mais même sous la torture je ne te dirais rien (rires). Sinon, prochainement je me reproduis sur Paris avec la soirée R.U DETROIT #2 aux cotés de DJ 3000 (Underground Resistance, Motech) et Jee de Technorama la célèbre soirée Parisienne, après avoir jouer à la 1ère en septembre dernier. Sinon je joue aussi bénévolement pour deux soirs sur Marseille pour le Telethon 2006, afin de venir en aide aux enfants qui en ont besoin et c’est aussi le but du label d’être engagé pour des causes que l’on juge importantes. Sinon dans un futur proche, une CODE 316 partie chez nos amis Helvettes avec mon ami Kriss, ce sera pour Mars 2007. Et en attendant je commence à remplir mon agenda, doucement mais sûrement (rires).

TheClubbing.com: Justement j’étais présent à première R.U Detroit qui fut une belle réussite sonore en tout cas. Tu prévois quelque chose de particulier? J’imagine qu’avec DJ 3000 comme guest ca va groover sec Detroit?
Maxx-T: Bien je n’ai pas l’habitude de prévoir quoi que se soit, par contre il est clair qu’il ne faut pas se planter dans le choix des disques qu’on doit emmener? Je joue avec le feeling du moment même si j’ai quelques petites idées sur ce que j’ai envie de proposer ce soir là, à la première j’ai jouer énormément de prods directement de Detroit et cette fois ci je pense que ça sera pareil à la différence que je vais jouer d’autres disques , sauf deux ou trois que j’ai du mal à ne pas jouer car je les aime trop, mais c’est clair ça va groover sec Detroit, pour reprendre tes belles paroles (rires) Donc rien de préparé et de plus il reste un peu plus de quinze jours avant cette soirée et j’ai encore le temps de recevoir des news, mais sinon je marche avec l’inspiration du moment et c’est pour ça aussi que j’aime bien être présent dès le début dans une soirée même si je joue à la fin, comme il est prévu là et comme à la première. Donc surprise et puis tout dépend de ce que va jouer Franki (DJ 3000), mais j’ai déjà ma petite idée (rires)

TheClubbing.com: Maxx je te remercie pour le temps que tu m’as accordé et surtout de t’être autant livré! Cela fait plaisir de voir un artiste intègre et qui croit autant en sa musique. Bon courage pour la suite et à très bientôt! A l’occasion passe nous voir sur www.theclubbing.com
Maxx-T: Ce fût un plaisir de te répondre, je te salue ainsi que tout les membres et lecteurs de TheClubbing.com. Bye

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