Interview: Kolombo (Loulou Players)

Interview: Kolombo (Loulou Players)

Kolombo (Loulou Players)

Un jour de septembre quelque part dans la région Namuroise. Kolombo a accepté de m’ouvrir les portes de son appartement en vue d’une petite rencontre informelle et plutôt sympathique. Cet artiste belge s’affirme comme une valeur sûre de la scène électro mondiale grâce à de nombreuses sorties sur des labels aussi prestigieux que de qualité. Rencontre…

TheClubbing.com: Hello Olivier, on va commencer dans l’ordre des choses, ce sera plus simple. Tout d’abord, si tu nous parlais un peu de toi. Entre Gregg, Kolombo, Olivier Gregoire et Loulou Players, finalement on te connait assez mal. Tu pourrais nous éclairer par rapport à tous ces projets et nous expliquer un peu leur façon de s’ordonner dans le temps?
Kolombo: Oui, c’est vrai que cela fait pas mal de pseudos. C’est très simple en fait. Ca a commencé avec Gregg (c’est mon surnom) en hip-hop début 90 et sous le même nom un peu après, j’ai fait quelques productionss avec DJ Terry sur des labels comme Legato, Discomatic, Spinnin’, le tout dans le style discohouse. Ensuite, vient ma rencontre avec DJerom et la création des LouLou Players avec un son plus électro. Le surnom de Kolombo est arrivé après, avec des sons beaucoup plus minimal, house, je fais un peu ce que j’ai envie selon l’humeur. Olivier Gregoire, c’est vraiment tout récent. En fait c’est le pseudo que j’utilise pour mes sorties sous Systematic, le label de Marc Romboy. Il voulait quelque chose de différent de ce que je faisais déjà. Sous le pseudo Olivier Gregoire (qui est son vrai nom), j’ai beaucoup moins de « liberté », je suis plus dirigé vers un style Systematic.

TheClubbing.com: Comment en es-tu venu à la musique électronique. Quel a été ton parcours musical?
Kolombo: J’ai touché à plein de choses. En fait, j’ai été baigné dans la musique depuis que je suis gamin. J’ai commencé avec les cours de batterie que j’ai arrêté à l’adolescence. Mais avec le recul, je pense que ça m’a vraiment beaucoup servi. Ensuite viens le hip-hop, où je m’enfermais dans ma chambre à m’entraîner aux techniques de scratching (je voulais absolument participer au DMC). C’était la mode à l’époque ensuite est venue le hip house, l’acid house, la new beat, la house… Finalement tout cela s’est ordonné de manière très progressive.

TheClubbing.com: Tu penses que ce passé musical t’a influencé dans ce que tu es devenu aujourd’hui?
Kolombo: Oui sans doute. Disons que j’y ai été étape par étape. Je ne sais pas si mon passé influence ma façon de fonctionner aujourd’hui. Mais encore maintenant j’utilise une batterie digitale pour mes live et certains morceaux avec Max (Compuphonic). C’est un petit truc mais c’est sympa. Justement en parlant de Max, lui, c’est marrant, il a fait du violoncelle quand il était gamin. Comme quoi on ne s’est pas trop mal trouvé.

Kolombo (Loulou Players)TheClubbing.com: Vous prévoyez un live violoncelle versus batterie un de ces quatre?
Kolombo: Non. (rire) C’est pas encore d’actualité et je pense que ça ne le fera pas trop.

TheClubbing.com: Tu es un des rares artistes-compositeurs belges qui arrivent à vivre de sa passion. Comment expliques-tu cette réussite?
Kolombo: Hum… difficile à dire pourquoi. Tu sais il y a rien à faire, ça fait plus de 15 ans que je suis dedans et à force, on finit par acquérir une certaine expérience. Ce n’est pas la loterie la composition, c’est à force de bosser qu’on finit par y arriver…

TheClubbing.com: Aujourd’hui, beaucoup de personnes se posent la question, peut-on vivre uniquement de la composition?
Kolombo: Ce n’est pas évident, d’autant plus que la concurrence devient de plus en plus rude. Enfin concurrence. Je veux dire par là qu’il y a de plus en plus de personnes qui font de la musique. Tout le monde peut composer maintenant et il y a pas mal de jeunes qui se lancent. Il y a 10 ans, tu écoulais 3000 ou 4000 disques. Maintenant avec l’apparition des labels digitaux, la donne a beaucoup changé. C’est devenu beaucoup plus difficile d’être produit en version vinyle. Sans dire de bêtises, je peux affirmer que près de la moitié des labels sont des labels digitaux. Maintenant on fonctionne d’une façon différente. On sort une release sur le net et si elle fonctionne bien, alors on produit mais juste pour le fait de l’avoir fait. Quand tu vends 1000 plaques maintenant, c’est une belle vente.

TheClubbing.com: Tu penses pour autant qu’on va arriver vers la fin du disque?
Kolombo: La fin non parce qu’il y aura toujours des puristes, ceux qui aiment la pièce. Mais il suffit de voir le nombre de dj’s qui mixent maintenant sur CD pour se rendre compte de l’évolution. Actuellement, si tu mixes que sur vinyle, tu passes quand même à côté de plein de bons tracks qui sortent uniquement en version digital. De plus, les platines CD actuelles sont vraiment de toute bonne qualité, on peut faire ce qu’on veut. Par exemple, pour mes dernières releases, seules les sorties sur Turbo (Emotion avec Compuphonic) et sur Systematic (Sarma) sont pressées. A côté de ça, deux autres futures sorties ne sortiront que sur digital.

TheClubbing.com: Comment définirais-tu le style Kolombo? Tu touches quand même à plein de sons différents?
Kolombo: Je pense pas qu’il y ai un style Kolombo. C’est un mélange de plein de trucs en fait. Evidemment, j’ai une grosse influence minimale house, j’adhère assez bien à la vague trancy actuelle. Il suffit d’écouter mes productions pour se rendre compte que je ne suis pas bloqué dans un style en particulier, cela dépend un peu de mon humeur.

TheClubbing.com: J’ai référencé neuf maxi à ton actif pour 2007 ainsi que cinq remix produits. C’est énorme. Comment expliques-tu cette productivité?
Kolombo: J’explique pas. C’est vrai que je produis assez vite. Disons que quand je trouve l’inspiration, je la lâche pas. Ca m’arrive de composer un track en une journée, mais ça m’arrive aussi de tourner en rond pendant une semaine, je ne pense pas qu’il y ai de formule magique. Mais c’est vrai que ça marche pas trop mal pour l’instant, tant mieux!

TheClubbing.com: Le remix ne doit pas être un art facile, pourtant tu es toujours autant demandé. Comment les choisis-tu et surtout comment t’y prends-tu pour décomposer un morceau en vue d’un remix.
Kolombo: Je ne choisis pas les remix, on me les propose. J’aime vraiment bien en faire, c’est un exercice qui me plait beaucoup. En fait j’adore retravailler les morceaux d’autres artistes. J’essaye de trouver les passages les plus sympas et je les refaire à ma sauce.

TheClubbing.com: Je me rappelle de ton remix de Crackdown – Sensoria. J’avais écouté la version originale puis ton remix et finalement tu re-créais un nouveau morceau à partir d’une boucle de la version originale.
Kolombo: Oui voilà. J’ai repris le passage que je préférais le plus dans l’original et je l’ai exploité le plus possible.

TheClubbing.com: Ca t’apporte un plus par rapport à tes productions?
Kolombo: Un plus pas nécessairement, disons que ce sont deux exercices différents mais que j’apprécie.

TheClubbing.com: Justement pour les puristes ou les curieux, avec quoi produits-tu?
Kolombo: Avec Cubase SX3 et de bons plugs, tout simplement.

TheClubbing.com: Parle nous un petit peu de tes collaborations. On t’a vu bosser avec Jérôme sur le projet Loulou Players, avec Compuphonic ainsi qu’avec Nemio.
Kolombo: Avec Jérôme c’est différent. On se connait depuis très longtemps. Les Loulou Players, c’est vraiment une réussite. Finalement c’est par ça que tout a commencé pour moi comme pour Jérôme. Dernièrement, on a sorti l’EP 4 avec le remix de Music Please qui fonctionne pas mal et la compil des cinq ans du label KingKong. Malgré tout ce temps, on s’amuse comme deux gamins. Concernant ma collaboration avec Nemio, il m’a proposé qu’on fasse un track ensemble et voilà on a sorti quelque chose sur BluFin, c’etait cool de le faire. Il en va de même pour Libby (Staffan Linzatti) sur ViceVersa. Concernant mon duo avec Max. Ca se passe vraiment bien. On se complète à merveille je trouve. On aura donc sorti deux maxi sur Turbo et participé à la tournée de Tiga durant les vacances. C’est une superbe réussite pour un projet qui finalement n’est pas très vieux. Tout nous pousse à continuer et puis bosser avec et pour Tiga, c’est super valorisant. Et enfin, je produis aussi sous le nom Mungwup avec Compuphonic et Geoffroy pour son projet.

Kolombo (Loulou Players)TheClubbing.com: Ca fait beaucoup de travail tout ça.
Kolombo: Oui. (rire) Même trop! Franchement j’ai pas de quoi m’ennuyer.

TheClubbing.com: J’imagine! On t’a aussi vu faire plusieurs live avec Max (Compuphonic). Est-ce que ça va aller plus loin? Vous prévoyez de tourner plus souvent?
Kolombo: Le live est fini. On a eu l’occasion de le tester durant l’été au Dirty Dancing (Bruxelles) et au Week-end (Berlin). Il a bien fonctionné et maintenant on est en attente. Avec nos deux sorties sur Turbo, j’espère qu’on va commencer à tourner un peu partout. En tout cas, on attend les bookings…

TheClubbing.com: Comment ça se passe pour les collaborations avec les DJ internationaux?
Kolombo: Pour les DJ belges, c’est facile on se voit. Mais avec les internationaux, on fait tout via internet. On s’envoie les fichiers, c’est plus simple. Quand un des deux a une super idée et veut rajouter quelque chose, il fait ses modifications puis l’envoie à l’autre.

TheClubbing.com: Et tu as des collaborations de prévue dans un avenir proche?
Kolombo: A priori non. Quelques projets mais pas grand chose de concret pour le moment, je me concentre sur Systematic, Turbo, ViceVersa, Karate et KingKong.

TheClubbing.com: On a parlé de Max, de Spirit Catcher, de Nemio, la scène belge actuelle se porte plutôt bien, qu’en penses-tu?
Kolombo: C’est clair qu’elle se porte bien. Je suis vraiment content de cette situation. Je dois t’avouer que je connais assez peu la situation au Nord du pays sauf El Carlitto, Maxim Lany et DJ Prinz, mais dans le sud on est maintenant cinq ou six à bien percer et se faire connaître un peu partout. Je pense aussi à JiFi qui commence à exploser.

TheClubbing.com: Comment tu l’expliques cette bonne santé de la musique électronique en Belgique? On se professionnalise ou les labels sont plus attentifs à ce qui se fait chez nous?
Kolombo: Encore une fois, il y a rien à faire, ce sont des gens qui sont tous les jours sur leurs productionss et c’est comme ça que ça porte ses fruits. On parlait de Jifi. Je suis sûr qu’il est tous les jours fourré dans son studio également. Maintenant, je suis certain que les labels font un peu plus attention à nous.

TheClubbing.com: On parlait de live tout à l’heure, le live tout seul? Ca te tente? C’est d’actualité?
Kolombo: Non c’est pas d’actualité pour le moment et je ne pense pas que ça se fera. Max gère vraiment beaucoup plus l’affaire que moi, il a plus l’habitude du live et puis j’ai déjà assez de trucs à faire comme ça. (rire)

TheClubbing.com: On l’a déjà dit, tu es un des plus gros producteurs belges, paradoxalement on te voit assez peu tourner en solo dans notre pays… C’est une volonté délibérée?
Kolombo: Non pas du tout. Disons que je tourne déjà beaucoup avec les Loulou Players mais c’est vrai que hormis quelques dates, je ne tourne pas beaucoup avec Kolombo. Mais on verra un peu ce que ça donne une fois que les sorties Systematic et Turbo auront fait leur impact.

TheClubbing.com: Tu parles des Loulou Players, justement c’est pas trop difficile de gérer les deux?
Kolombo: Non, ça ne pose pas de problèmes pour l’instant.

TheClubbing.com: BluFin, ViceVersa, Underwater, Karaté Klub, Artminimal, Turbo, Systematic,… pourquoi multiplier les apparitions sur autant de label et ne pas te fidéliser à deux ou trois pour lesquels tu sortirais des releases en exclusivité?
Kolombo: Très bonne question. En fait, j’essaye doucement d’arriver à quelque chose du style. Je vais me concentrer sur deux-trois. Je compte continuer sous Olivier Gregoire pour Systematic, sous Kolombo et Compuphonic pour Turbo, sous Loulou Players pour King Kong (le label de Sharam Jey) et puis sous Kolombo tout seul sous différents labels mais actuellement c’est plutôt Karaté Klub et ViceVersa.

TheClubbing.com: Ca signifierait que le pseudo Kolombo perdrait un peu de sa diversité?
Kolombo: Non pas spécialement. Ca ne m’empêche pas de sortir de temps en temps autre chose sous un autre label mais disons que le fait d’avoir une certaine structure me facilitera le boulot.

TheClubbing.com: On connaît ton amitié avec Marc Romboy et Sharam Jey, quel rôle ont-ils joué dans ta carrière?
Kolombo: Tu le devines bien. C’est grâce à Sharam Jey qu’on a signé sur King Kong avec les Loulou Players. Et puis Marc Romboy sur Systematic et ViceVersa. Ce sont deux grands artistes, très professionnels et ils m’ont permis de progresser c’est sûr. Même si Marc est super exigeant sur mon travail. (rire)

TheClubbing.com: Enfin, un dernier point de ta carrière. En quatre ans, vous êtes parvenu à vous placer comme incontournables dans les nuits namuroises avec les soirées Music Please. Quel impact cela a t-il eu sur ta carrière?
Kolombo: Les Music Please ont toujours une saveur particulière. DJerom a bossé dur pour ça. On est chez nous, il y a toujours une chouette ambiance et puis ça nous a permis de connaître plein de monde et de fréquenter beaucoup de DJ. Regarde, prends l’exemple de Delon et Dalcan. Ils sont venus jouer chez nous l’année passée. Ils se ont pris beaucoup de plaisir et maintenant on est invité chez eux dans le Sud de la France pour y jouer. C’est du donnant-donnant, ça permet de lier des connaissances et de se tisser un réseau d’amis.

TheClubbing.com: Ca marche toujours avec Jérome pour les Loulou Players? L’EP 4 est sorti? Vous allez continuer?
Kolombo: Bien sûr. Le 5 est déjà prêt également. Puis on a un projet avec Sharam Jey et Princess Superstar. Ce sera un remix chanté de Monday Morning. Plus accessible, sympa. C’est une vrai pro Princess Superstar.

TheClubbing.com: Olivier, je suis content d’avoir pu discuter un peu avec toi, j’espère que ça t’a plu également?
Kolombo: Bien sûr, on a bien fait le tour de la question. Merci beaucoup à toi.

TheClubbing.com: Mais c’est toi qui te remercie et bonne continuation

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