Spleen – Comme Un Enfant

Spleen – Comme Un Enfant

Spleen - Comme Un Enfant - Remark Records

Voici le genre d’artiste français qui mériterait clairement une victoire de la musique. Je vous l’avais déjà dit pour son premier album She Was A Girl, mais ça n’est toujours pas fait, et on se demande ce qu’attend ce trophée pour tomber dans les mains de Spleen… Il est clair que ce poète urbain moderne aurait mieux fait de continuer sur sa lancée après un premier album qui visitait tous les recoins de la rue avec le talent d’un grand écrivain et la fraîcheur d’un rookie. Il aura fallu attendre cinq ans pour le voir incrémenter sa discographie, et heureusement sans nous décevoir, avec ce Comme un Enfant, plus optimiste et poétique que son premier opus. Touche à tout de naissance, ce jeune black de 26 ans était aussi bon avec un ballon dans les mains (une carrière de handballeur professionnel s’ouvrait à lui!), que sur la scène d’un théâtre (en tournée sur une adaptation de Roméo et Juliette) ou d’une salle de concert (en duo avec Hugh Coltman sur le projet Heez Bus). Ce sont entre autres des rencontres déterminantes avec la voix tremblante d’Antony & The Johnsons, le roi du folk Devendra Banhart et surtout les sœurs excentriques Coco Rosie qui le freinent dans ses envies de dispersion et mettent un peu d’eau sur sa flamme grandissante de curiosité.

A l’origine du collectif The Black & White Skins qui regroupe danseurs, peintres, cinéastes ou musiciens, c’est bien cette dernière forme d’art qui lui va le mieux. Et Spleen a mûri. Il n’est plus vraiment le jeune homme plein de fougue qui drague à tout va, touche à tous les genres, slamme pour un oui ou pour un non. Après une berceuse en guise d’intro, on comprend que le ton est plus posé, plus homogène aussi, et parle avant tout de la difficulté à avouer ses sentiments et de son comportement plus ou moins infantile face aux dures lois de l’Amour, dixit cette poésie urbaine sur fond de blues. Ce titre, Comme un Enfant, c’est un rapport à la spontanéité juvénile, cette manière instinctive d’écrire des mots sur du papier, comme il l’explique dans cette ballade soul en forme de love-story entre lui et sa plume Stylo Stéréo. Musicalement parlant, Spleen connaît du beau monde et s’entoure de musiciens comme Seb Martel à la guitare, le pianiste Yoshi Masuda ou l’afro-américain roi du funk contemporain Amp Fiddler aux synthés. Inévitablement, Coco Rosie fait une apparition piquante et délicate sur l’émouvant Peter Pan. L’auteur tantôt jaloux tantôt amoureux adopte une voix de crooner sur Tu l’aimeras, et Love Dilemme n’est pas sans rappeler le soulman D’Angelo! Yaoundé est un hommage touchant à son Cameroun natal, et Mama Capella, un autre -plus comique- à sa maman. Il reste un peu du Spleen bigarré d’il y a cinq ans, qui ressort sur l’instru beatbox de Le Roi où l’excellent funk ironique de Junk Food, tout ça pour dire que Spleen a encore des mots et des mélodies à faire partager.

Spleen est autant un grand enfant qu’un grand artiste, et commence enfin à avoir la reconnaissance qu’il mérite avec cette sortie plus que nécessaire pour une scène française qui s’essouffle!

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