Mark Templeton – Inland

Mark Templeton fait dans l’électronique avant-garde, mais pas chiante. En 2007 avec son premier album Standing On A Hummingbird, il inaugure le label Anticipate, qui a depuis accueilli des artistes expérimentaux comme Slimek ou Sawako, des noms qui ne vous disent sans doute rien, mais qui contribuent à développer le mouvement électro-acoustique avec des disques singuliers et aériens. Ce nouvel exercice a démarré à Edmonton, un coin paumé en plein centre du Canada, pour terminer sa route à Montréal grignoté par une solitude paradoxale qui lui a permis de s’impliquer à fond dans son projet. Inland, c’est du bonheur pour tout amateur d’ambient à la recherche du détail sonore qui va le plonger dans une sorte de transe méditative.

Ca commence comme un album de Fennesz. Intense, majestueux, étendu… Templeton laisse aller ses ongles sur sa guitare au milieu de At Your Feet qui marie percus lointaines et textures en mousse. Contrairement à la référence Christian Fennesz, les instruments à cordes restent entier et ne sont pas triturés par les machines. Les grésillements de vinyle donnent un charme particulier à Oak, empreint d’une certaine nostalgie marquée par sa voix qui bénéficie d’un traitement délicat pour être utilisée comme un instrument. Pas de mots, pas de couplets, juste des gémissements qui viennent imprégner les arrangements comme un liquide qui coule dans de la glace pilée. On arrive à bouger la tête sur le progressif Their Light Reflected et l’ascensionnel Sleep In Front Of qui finit sa course dans un cumulonimbus, contrairement à Under qui semble avoir été enregistré live dans une grotte planquée derrière une cascade. Des mélodies parfois hachées au couteau et affolées par des bleeps electronica, en particulier sur l’intrigant Please Take Me ou West of Fabric pt1 qui ressemblera à du Prefuse 73 si vous y ajoutez un beat syncopé. Joli coup…