Danger Mouse, Sparklehorse, David Lynch – Dark Night Of The Soul

Danger Mouse, Sparklehorse, David Lynch – Dark Night Of The Soul

Danger Mouse, Sparklehorse, David Lynch - Dark Night Of The Soul - Capitol Records

Le producteur hyperactif Danger Mouse, le groupe de post rock aérien Sparklehorse et le réalisateur foufou et souvent incompris David Lynch n’avaient sur le papier aucune raison de travailler ensemble. C’était à première vue une collaboration difficile à prévoir, comme si Madlib et Mogwaï sortaient un album sur fond de Quentin Tarantino. On avait déjà trouvé l’initiative Radiohead (album en téléchargement à prix libre sur leur site) plutôt révolutionnaire, et on était à vrai dire content qu’une major se voit en quelque sorte schuntée et bernée. Le respect est ici multiplié par deux. Dark Night of The Soul ne vous traînera pas au tribunal parce que vous le téléchargez gratuitement. Ils encouragent même à pomper l’album, et à faire tourner les liens à vos potes. Allez donc faire un tour sur http://www.pingpong.fr et faites vous plaisir. Pour les plus respectueux de l’artiste, et ceux qui préfèrent le support matériel à un simple fichier mp3, vous pouvez vous procurer le package complet à savoir un bouquin collector (déjà Sold Out, pas de bol) ou un poster et son cd vierge, pour graver à votre guise le cd que vous venez de télécharger en lisant ces lignes.

Le projet est à double sens : Lynch et Danger Mouse ont imaginé une exposition de photographies du premier inspirées de la musique du second avec Sparklehorse. Vous me suivez ? Ainsi, vous pourrez vous balader dans la galerie Michael Kohn de Los Angeles sur fond de cette pseudo-BO, avec par exemple ce titre éponyme poussiéreux qui vous survole. On met le doigt sur les ambiances natives de l’esprit de Danger Mouse, avant qu’il ne s’acoquine avec Cee-Lo sur le projet Gnarls Barkley. En l’occurrence, il s’agit de Lynch qui troque sa caméra contre un micro, mais c’est comme si Horace Andy chantait dans un grenier, et le chant fait souvent des merveilles, comme The Flaming Lips sur Revenge, qui reste très cinématographique par ses battements discrets. L’album est truffé de featurings (voir la tracklist ci-dessous), et les rythmiques sèches et travaillées du producteur hip-hop jouent au bras de fer sur Just War avec les doux arrangements de guitare de Sparklehorse qui dégagent un folk rétro un poil hippie. Le leader des Strokes chante ses états d’âme sur Little Girl, sans conteste l’un des meilleurs morceaux du disque. Angel’s Harp part dans la direction inverse avec un beat finement taillé au pic à glace en arrière-plan d’un riff massif et un charisme de Franck Black comparables à Pearl Jam. Star Eyes (I Can’t Catch It) est une berceuse psychédélique qui envoie quelques décharges électriques si on s’y frotte de trop de près. Une mélancolie contagieuse, une instru au grain volontairement old school, c’est Everytime I’m With You, dont la candeur rejoint Insane Lullaby, une rythmique crado qui entre en collision avec une superbe comptine lyrique. Une voix féminine, celle de Suzanne Vega, vient enfin mettre sa graine sexy dans cette laine de verre sonore, cette musique toujours douce mais qui gratte par son côté expérimental.

Les embrouilles entre artistes et major prennent parfois une tournure aussi inattendue qu’idéale!

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