Etienne Jaumet – Night Music (Produit par Carl Craig)

Etienne Jaumet fait mine de rien comme ça, mais il a le bras long. Sans même regarder la pochette, vous devinerez grâce à votre ouïe fine, la patte de Carl Craig. Le pionnier américain est effectivement aux manettes pour ajouter une certaine Detroit Touch à cet album singulier. For Falling Asleep, pas très vendeur comme titre pour débuter un album. Un saxophone résonne devant ses notes de synthé acides et une mélodie se construit peu à peu sur un thème envoûtant qui vous tiendra en haleine pendant 20 minutes, ouvrant quelques brèches qui laissent apparaître tour à tour des samples vocaux inquiétants, un beat techno, une montée intense puis les doigts d’Emmanuelle Perrin qui pincent délicatement sa harpe pour dire au revoir. Ce premier track constitue volontairement la première face d’un disque dont la structure rend hommage aux vinyles des années 70. Night Music n’est composé que de 5 morceaux, finalement plus modernes que nostalgiques.

Mental Vortex extrait une certaine âme hors de ces machines analogiques, centrée sur une ligne de basse presque italo-disco, une rythmique midtempo et quelques mises en scène astrales. La moitié de Zombie Zombie continue dans le même esprit avec Entropy que l’on aurait aimé voir progresser plus longtemps, ses petites quatre minutes nous laissant sur notre faim. Comme pour mieux garder l’exaltation instantanée, chaque titre a été enregistré en une seule prise. Inévitablement, on peut ressentir des moments de doutes ou d’improvisations parfois inégales, vite effacées par la rapidité de la progression d’un track comme Through the Strata, une complainte techno à la cornemuse (?), dont l’humeur maussade se voit renforcée par des arrangements tourbillonnants. Entre sa batterie électronique et ses synthétiseurs, il met un terme à ce disque surprenant en empoignant son saxophone pour un final ambient qui aura le mérite de mettre vos neurones sous pression…