Fredo Viola – The Turn

Fredo Viola – The Turn

Fredo Viola - The Turn - Because Music

Fredo exagère! Ca fait maintenant presque deux ans que nos oreilles s’étaient arrêté un instant sur ce single qui l’a révélé, The Sad Song. Mieux vaut tard que jamais, l’album est dans les bacs et il est vrai que ce premier extrait en était le parfait ambassadeur. Une association plutôt inédite entre les techniques de production actuelles et sa voix, concaténée avec elle-même à l’infini. Cet ancien soprano professionnel de Los Angeles privilégie donc le chant aux paroles, remplaçant régulièrement les mots par des sons qui, isolés, ne veulent rien dire. Ainsi, il se construit une chorale à lui tout seul, un canevas vocal autodidacte qui se bâtit naturellement pour donner finalement un tapis de sonorités très mélodique. Petit scoop, il a été repéré par Massive Attack pour enregistrer des voix sur leur prochain album. Mais ça n’est pas une raison pour avoir les chevilles qui gonflent, et Fredo Viola reste humble en concoctant ce premier album extrêmement personnel, ce qui reste sa principale qualité.

Pop et electronica cohabitent sur The Turn, dans lequel les clins d’œil médiévaux peu innocents de la pochette se répercutent, notamment sur le premier titre éponyme et représentatif. Influencé aussi bien par Boards of Canada que Stravinsky, ou par Kate Bush que Bartok, l’italo-américain est capable de pondre des pièces comme Friendship is… qui rappelle les premiers travaux de Air. Certaines chansons comme The Original Man s’écoutent avec le sourire mais semblent servir à combler les trous entre quelques morceaux-clés comme Risa, l’électro-ludique Robinson Crusoe ou le syncopé Puss. Pas mal basé sur l’improvisation, sa musique a quelque chose de cinématographique. A ce titre, un de ses premiers morceaux a été utilisé pour la BO de The Manchurian Candidate (Un Crime dans la Tête en VF). Ça tombe plutôt bien pour quelqu’un qui a fait des études de montage et d’animation, et qui apporte beaucoup d’importance au graphisme, à commencer par l’artwork du digipack signé Richard Colman. Avant de se consacrer principalement à la musique, réalisateur était son métier de prédilection. Toutes ces compositions sont maintenant un prétexte pour dévoiler un échantillon de son savoir-faire de vidéaste, en ajoutant un dvd bonus composé de 8 travaux. Certaines vidéos insistent sur des images banales de la vie quotidienne pour les rendre à nouveau belles et nous faire entrer dans une espèce de transe visuelle grâce à ses techniques de montage insolites qui collent parfaitement à la musique. Il développe ainsi le principe du Cluster, le fait de présenter ses morceaux en superposant des segments filmés tour à tour et en une seule prise. Les meilleurs exemples sont représentés par cette caméra digitale qui le filme 6 fois à des moments différents, et le démultiplie en une chorale de 6 clones qui remplit chacun sa mission, ou par Moon After Berceuse avec le contrebassiste Ike Sturm qui se prend lui aussi au jeu de la superposition.
Même si sa musique créera des overdoses chez certains, cet artiste complet mérite largement que l’on découvre son style.

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